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Inscriptions de Germering

Au commencement était l'action

Deutsch

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L'inscription allemande décrite ici appartient à un cycle de quatre inscriptions en quatre langues différentes. Ce cycle se trouve aux bords de toit des grands bâtiments qui forment le centre moderne de Germering, près de la gare de S-Bahn de Germering-Unterpfaffenhofen. Les inscriptions occupent les meilleurs emplacements publicitaires, mais au lieu de faire de la publicité pour des marchandises, elles donnent de la matière à réflexion aux passantes et aux passants et ce, gratuitement. Voilà une des images de marque de l'artiste italien Maurizio Nannucci.

L'inscription allemande décrite ici se trouve au bord de toit du sud-ouest de la bibliothèque municipale, directement au bord de la Therese-Giehse-Platz (place du marché).

   

Im Anfang war die Tat

Inscription allemande

Photo : Hans-Rudolf Hower 2005

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Inscription

Texte original (en allemand)

Im Anfang war die Tat

Traduction

Au commencement était l'action

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Origine du texte

L'inscription cite le début de Faust, de Goethe (première partie, troisième scène), où elle se trouve dans le contexte suivant :

Texte original

Traduction de Gérard de Nerval

Traduction d'Aubier Montaigne

Geschrieben steht: « Im Anfang war das Wort ! »
Hier stock ich schon! Wer hilft mir weiter fort?
Ich kann das Wort so hoch unmöglich schätzen,
Ich muss es anders übersetzen,
Wenn ich vom Geiste recht erleuchtet bin.
Geschrieben steht: Im Anfang war der Sinn.
Bedenke wohl die erste Zeile,
Dass deine Feder sich nicht übereile!
Ist es der Sinn, der alles wirkt und schafft?
Es sollte stehn: Im Anfang war die Kraft !
Doch, auch indem ich dieses niederschreibe,
Schon warnt mich was, dass ich dabei nicht bleibe.
Mir hilft der Geist! Auf einmal seh ich Rat
Und schreibe getrost: Im Anfang war die Tat !

Il est écrit : Au commencement était le verbe ! Ici je m'arrête déjà ! Qui me soutiendra plus loin ? Il m'est impossible d'estimer assez ce mot, le verbe ! il faut que je le traduise autrement, si l'esprit daigne m'éclairer. Il est écrit : Au commencement était l'esprit ! Réfléchissons bien sur cette première ligne, et que la plume ne se hâte pas trop ! Est-ce bien l'esprit qui crée et conserve tout ? Il devrait y avoir : Au commencement était la force ! Cependant tout en écrivant ceci, quelque chose me dit que je ne dois pas m'arrêter à ce sens. L'esprit m'éclaire enfin ! L'inspiration descend sur moi, et j'écris consolé : Au commencement était l'action !

Il est écrit : « Au commencement était le Verbe ! »
Ici déjà j'hésite ! Qui m'aidera à aller plus loin ?
Il m'est impossible de priser si haut le Verbe,
Il faut que je traduise autrement,
Si je suis bien illuminé par l'Esprit.
Il est écrit : Au commencement était la Pensée.
Médite bien sur cette première ligne,
Afin que ta plume n'aille pas trop vite !
Est-ce la Pensée qui crée et produit tout ?
Il faudrait mettre : Au commencement était la Force !
Mais à l'instant même où je transcris ces mots,
Quelque chose m'avertit que je n'en resterai pas là.
L'Esprit me vient en aide ! Je vois soudain la solution
Et j'écris avec assurance : Au commencement était l'Action !

Observations

J'ai mis en lettres grasses les expressions que resp. Goethe ou Faust cite en tant que traductions qui ont déjà été faites de "logos", terme grec difficile à cerner. C'est avec des lettres grasses et italiques que j'indique les expressions avec lesquelles resp. Goethe ou Faust dépasse la tradition littéraire pour arriver à une interprétation sienne propre.

J'ai souligné les expressions qui correspondent aux mots-clés du texte allemand.

J'ai souligné les expressions qui correspondent aux mots-clés du texte allemand.

Pour vous donner une idée de la complexité du problème, voici les principales traductions allemandes de "logos" proposées par Menge-Güthling (traductions françaises par mes soins) :

  • Rede (parole)
  • Unterredung (conversation), Gespräch (discussion), Unterhandlung (négociation)
  • einzelnes Wort (mot), Ausdruck (expression)
  • Spruch, Ausspruch (parole, phrase), Behauptung (affirmation)
  • leeres Wort (parole en l'air), Vorwand (prétexte)
  • Botschaft (message), Gerücht (bruit qui court)
  • Rede, Vortrag (discours)
  • Schrift (document écrit), Bericht (rapport)
  • Erzählung (conte), Fabel (fable)
  • Sache, Gegenstand (sujet), Vorfall (incident), Ereignis (événement)
  • Rechnung, Rechenschaft (compte), Verantwortung (responsabilité)
  • Erwägung, Überlegung (considération, réflexion)
  • Berücksichtigung (prise en considération), Rücksicht (égard), Beachtung (observation)
  • Bedeutung (importance), Ansehen (estime)
  • Verhältnis (rapport, relation), Proportion (proportion), Analogie (analogie)
  • Denkvermögen (capacité de penser, de raisonner), Vernunft (raison)
  • Beweisführung (argumentation), Schlussfolgerung (conclusion logique)
  • Malheureusement il y a deux contresens dans la traduction de Nerval :

  • Par "Ich kann das Wort so hoch unmöglich schätzen", Goethe/Faust se dit à lui-même que ce serait trop d'honneur pour le mot "Wort" (verbe, parole) d'être placé au début de la création du monde. C'est donc le contraire de ce que Nerval a traduit.

  • L'expression allemande "getrost" a, bien sûr, une racine commune avec "Trost" (consolation) et "trösten" (consoler), mais plutôt que du participe passé de ce dernier (qui serait "getröstet" et à traduire par "consolé") il s'agit ici de l'adverbe "getrost", qui a un sens différent, à savoir "sans crainte, sans se faire du souci, rassuré".

    En plus, Nerval ne fait pas de différence entre "Geist" (esprit) et "Sinn" (sens, signification). Il écrit "esprit" pour les deux. Or, dans le texte original, l'esprit (Geist) est une force quasi omniprésente qui, conrairement au sens (ou à la Pensée, selon Aubin Montaigne), n'a rien a voir avec la présence du "logos" lors de la création du monde.

  • La traduction d'Aubin Montaigne évite les erreurs commises par celle de Nerval. Deux remarques s'imposent pourtant :

  • La traduction de "Sinn" par "Pensée" reste dans le cadre de ce qui est possible quand on part du mot grec "logos", mais elle précise quelque chose que le texte de Goethe/Faust laisse délibérément flou. Car le mot allemand "Sinn" oscille entre "sens, signification" (d'une chose) et "caractère, état d'esprit, disposition morale" (d'une personne), ce qui est un "grand écart" sémantique très difficile à rendre en français.
  • La traduction de "getrost" par "avec assurance" va trop loin parce qu'elle déplace la perspective. En fait, Goethe/Faust n'est pas "sûr de lui" (ce que sous-entend "avec assurance"), mais "rassuré" (par l'aide de l'esprit).
  • Le texte de Goethe à son tour, cite le début de l'évangile selon St-Jean, où on lit (Jean 1, 1-8, cité selon Bible de Jérusalem) :

    1

    Au commencement le Verbe était
    et le Verbe était avec Dieu
    et le Verbe était Dieu.

    2

    Il était au commencement avec Dieu.

    3

    Tout fut par lui
    et sans lui rien ne fut.

    4

    De tout être il était la vie
    et la vie était la lumière des hommes

    5

    et la lumière luit dans les ténèbres
    et les ténèbres n'ont pu l'atteindre.

    6

    Parut un homme envoyé de Dieu. Il se nommait Jean.

    7

    Il vint comme témoin,
    pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

    8

    Il n'était pas la lumière,
    mais le témoin de la lumière.

    up

    Observations linguistiques

    En disant "Au commencement le Verbe était" au lieu de "Au commencement était le Verbe", la traduction française de la Bible de Jérusalem révèle (et résout à sa façon) un problème caché par beaucoup d'autres traductions, celles de Luther et de Goethe/Faust comprises : quelle est la question à laquelle répond le début de l'évangile selon St-Jean ?.

    Les traductions qui suivent exactement l'ordre des mots du texte original grec (en dokhê ên o logos = au commencement était le logos) semblent répondre à la question : qu'est ce qu'il y avait au commencement du monde: le Verbe ? la Pensée ? ou quoi d'autre ? Le texte allemand de Goethe/Faust suit cette filière, tandis que la Bible de Jérusalem change l'ordre des mots, à mon avis dans le but de tenir compte des intentions de l'auteur de l'évangile. Pour cet auteur (et l'école philosofico-religieuse dont il relève), le "logos" est une entité incontestable, sans alternative, et le début de son évangile répond plutôt à la question sous-entendue (issue de la discussion courante de l'époque) : à partir de quel moment de l'histoire du monde ce logos a-t-il existé et quelle est sa nature ? Cela donne une perspective et des alternatives tout à fait différentes - pour l'évangile, mais ni pour Goethe/Faust, ni pour notre inscription à Germering...

    up

    Commentaire

    Cette inscription de Germering doit être vue en rapport avec les trois autres inscriptions placées sur les bâtiments qui forment un ensemble autour de la Therese-Giehse-Platz (place du marché). Pour l'instant, je n'ai des informations ni sur les personnes et instances impliquées dans le choix des inscriptions, à part l'artiste Maurizio Nannucci lui-même, ni sur les arguments avancés pour favoriser tel ou tel autre texte. Cela vaut peut-être même mieux parce qu'une inscription exposée en public est constamment réinterprétée par le flot des passants.

    Sous l'impression des inscriptions "No monologo ma dialogo" et "Tout est encore à faire" ma première idée était de supposer qu'on avait voulu placer l'inscription allemande dans le domaine de la politique pragmatique pour dire "Si tu ne fais pas quelque chose, rien ne sera fait !" Mais c'est au plus tard en passant devant l'inscription Blending the visible with the invisible qu'on comprend que l'artiste - ainsi que les urbanistes - ne visait pas seulement la surface des choses et des événements. Allons donc un peu plus loin.

    Comme chacun sait, la déification faustienne de l'action (sa propre action) a fait courir à sa perte Faust et mainte autre personne, non sans entraîner d'autres personnes encore. Vue sous cet angle, notre inscription n'appelle pas seulement à l'action, mais avertit aussi des possibles conséquences de cette action. Si c'est vrai que tout progrès commence par une action, cela vaut également pour n'importe quel crime.

    Faust déifie l'action puisque sa traduction de l'évangile continuera infailliblement avec "et l'action fut Dieu". En même temps il renverse et remet pour ainsi dire sur ses pieds la théologie de St-Jean, doctrine "intello" imprégnée de la gnose grecque, en remplaçant le verbe qui décrit, par l'action qui crée et transforme. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Bien sûr, c'est dans Karl Marx que nous lirons des choses de ce genre ! En voilà un parmi tant d'autres dont les disciples, en dressant leur propre action en idole, ont fait un mal immense. - Mais ne rien faire n'est pas une solution non plus...

    On aperçoit mieux la dimension politique des installations de néon de Nannucci en lisant deux modestes panneaux installés au bord du trottoir près de La pointe de tour : selon eux, il s'agit d'un ensemble artistique composé d'un grand nombre d'œuvres d'art disséminées sur toute la ville de Germering et reliées entre elles par un Fil rouge. Cet ensemble doit constamment rappeler aux passantes et aux passants les tâches établies par l' Agenda 21 local. Pour la conception d'ensemble, voir Conception artistique générale.

    up

    Bibliographie

    Auteur / titre

    Observations

    Info / achat

    Johann Wolfgang v. Goethe, Faust

    Notre citation se trouve dans la première partie, qui est souvent vendue à part.

    Traduction de Gérard de Nerval :amazon.fr

    Traduction d'Aubin Montaigne : bouquinistes, bibliothèques.

    Novum Testamentum Graece

    24e édition, 1960

    Le Nouveau Testament en langue grecque.

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    La Sainte Bible

    traduite en français sous la direction de l'Ecole biblique de Jérusalem (1961, Imprimatur 1955)

    Une des plus prestigieuses traductions françaises dans le domaine du catholicisme romain.

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    Menge-Güthling, Enzyklopädisches Wörterbuch der griechischen und deutschen Sprache

    Erster Teil, Griechisch-Deutsch, Berlin-Schöneberg 1962

    Dictionnaire communément utilisé par les théologiens et grécistes allemands.

    librairie allemande, bibliothèque universitaire.

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    Arrivée en transport en commun

    Pour l'arrivée à Germering et au Fil rouge comme point de départ de la marche à pied voir Inscriptions de Germering.

    L'inscription se trouve au bord de toit du sud-ouest de la bibliothèque municipale. Contournez le rond-point par la droite et remontez la Untere Bahnhofstraße en vous éloignant de la gare. Après peu de mètres vous verrez l'inscription décrite ici, à droite, au delà de la place du marché.

    Les indications concernant l'arrivée correspondent à nos informations ou même expériences personnelles, mais nous ne pouvons assumer aucune responsabilité pour leur exactitude. Quand vous lisez cette page, les choses peuvent avoir changé dans la réalité.

    Petit chien

    Remerciements

    Un grand merci à Alain Faure qui a mis à notre disposition les deux traductions françaises du passage de Faust, et à Bernard Roux qui nous a prêté la Bible de Jérusalem !

    Hans-Rudolf Hower 2006

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    Questions fréquentes - Webmaster

    Dernière mise à jour : 04/04/16